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Découverte du mois !

Un mois, un document, aux Archives de la Somme

Quelques précédentes découvertes

Juillet 2023 : Le camping

Archives de la Somme - Droits réservés
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Pratique de loisirs à la fois la plus ancienne et la plus récente selon l’historien Jacques Bousquet, le camping tel que nous le connaissons aujourd’hui s’est développé à la fin du XIXe siècle. Etymologiquement issu du terme latin campus champs et du terme verbe anglais to camp faire son camp, le terme est utilisé pour la première fois en 1898 par Lucien Baudry de Saunier dans un article relatant les voyages des aristocrates anglais en roulotte. 

Avant la Grande Guerre, la pratique du camping est réservée aux hommes disposant de bonnes conditions physiques alliant cette activité à celles du cyclotourisme, du canoéisme ou de la randonnée ainsi qu’à la bourgeoisie souhaitant fuir l’air pollué des grandes cités. La Young Men’s Christian, mouvement anglais protestant, créée en France en 1844 la coopérative d’excursion dont la mission est de proposer aux jeunes gens une nouvelle expérience, à savoir, camper par leurs propres moyens. En 1875, l’Association of cycle campers est fondée en Angleterre. Cette dernière et par la même occasion le terme camping sont mentionnés pour la première fois en France en 1903 dans un article du journal sportif L’Auto. Cinq ans plus tard Thomas Hiram Holding publie le premier guide du campeur et établit les bases de cette activité en proposant un matériel approprié. En 1910 le Club français de camping est créé et le Touring Club de France propose en 1912 Les campeurs de France. Le but du Touring Club de France est alors de développer du tourisme sous toutes ses formes, à la fois par les facilités qu’elle donne à ses adhérents et par la conservation de tout ce qui constitue l’intérêt pittoresque ou artistique des voyages. Ce dernier s’applique à développer le camping sous toutes ses formes, à la campagne, à la montagne ou à la mer. Si le premier camping voit le jour sur l’île de Mann en 1894, ce n’est qu’en 1930 que sont créés les premiers camps de toile en France.

Cote 59fi75 - Archives de la Somme - Droits réservés
Cote 1fi966 - Archives de la Somme - Droits réservés

Après la Grande Guerre le monde du camping se structure et se diversifie. On identifie deux types de camping : celui des grandes associations qui publient des guides, achètent et créent des aires et des terrains de camping, et celui des scouts. Ce dernier propose la forme la plus traditionnelle du camping avec un mode de vie « à la dure » ayant pour but de préparer les jeunes à la survie et à la guerre. Le camping opère un deuxième tournant historique en 1936. Avec les accords de Matignon, le temps de travail hebdomadaire passe à quarante heures et les Français se voient accorder deux semaines de congés payés. En plus de cette avancée sociale, les conditions de vie s’améliorent et l’essor de l’automobile accentue le phénomène de départ en vacances. Le camping se démocratise alors et n’est plus réservé qu’à une élite. En 1938, l’Union Française des Associations de camping (U.F.A.C.) est créée et dès 1939 un premier code du camping est publié. Durant les Trente glorieuses (1945-1975) le camping connaît un développement spectaculaire et de nombreuses municipalités aménagent des zones de vacances dans l’étendue de leur territoire. Dans le département, plusieurs établissements sont gérés par des municipalités, on peut ici citer le camping municipal de Poix-de-Picardie, celui de Querrieu ou bien encore celui de Bray-sur-Somme. Amiens, inaugure son premier camping municipal comme nous pouvons le voir sur l’affiche, publiée pour l’évènement, et cotée aux Archives de la Somme 1 FI 966, les 23 et 24 juin 1956 à l’étang Saint-Pierre, boulevard Beauvillé. Cet établissement est aujourd’hui installé à l’Ouest d’Amiens en bordure de la Somme sous le nom Camping des cygnes. 

Parallèlement aux meilleurs conditions économiques et sociales des Français, d’autres facteurs expliquent l’expansion du camping. Les vacanciers constatent les avantages financiers du camping par rapport à une pension de famille ou à un hôtel. Le prix et la qualité des articles de camping s’améliorent et la location d’un emplacement reste à des tarifs raisonnables. A cela s’ajoute un sentiment de liberté, un regain pour le plein air et pour la nature et devient un art de vivre convivial. 

Le tourisme de masse du camping s’installe et laisse place à des dérives face au manque de structures d’accueil. Les autorités, municipales et préfectorales, sont contraintes de publier des textes règlementaires afin de lutter contre le camping sauvage et pour combattre les dégradations engendrées sur les espaces naturels, notamment en bord de mer. En 1959, le gouvernement français publie un décret visant à limiter le camping sauvage. Les professionnels du camping se réunissent le 1er janvier 1964 en Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air. En 1973, un autre organisme professionnel voit le jour sous le nom de Syndicat de l’hôtellerie de plein air.

Zone touristique par excellence le littoral samarien et sa baie accueille aujourd’hui de nombreuses structures d’hébergement en plein air ; les stations balnéaires comme Fort-Mahon plage ou Quend-plage disposent de plusieurs campings accueillant des vacanciers habitués ou occasionnels. Toutes ces structures ont aujourd’hui évolué et se sont adaptées aux nouvelles attentes des vacanciers. Les emplacements destinés à accueillir les traditionnelles tentes de camping ou des caravanes occupent de moins en moins d’espace, et sont remplacés par des mobil homes. Le camping est devenu aux fils des ans une hôtellerie de plein air.

L’histoire du camping dans la Somme ne peut se faire, aux Archives départementales, à partir d’une seule et unique source. En effet, les éléments retraçant l’histoire de cette activité sont répartis dans divers fonds. Au niveau iconographique, de nombreuses cartes postales, de toutes époques sont conservées en sous-série 8 FI. Pour l’aspect règlementaire et de contrôle, les fonds administratifs contiennent également diverses références.

Juin 2023 : Les Livrets de Famille

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En mai 1871, les registres originaux de l’état civil parisien, conservés à l’hôtel-de-ville, et la collection des doubles conservés au palais de justice partent en fumée lors des évènements de la Commune. À la suite de cette destruction, pour éviter que se reproduisent des problèmes considérables d’état civil, Jules Simon, président du Conseil et ministre de l’Intérieur, décide de créer le 18 mars 1877 le livret de famille pour les Parisiens. Généralisé en l’ensemble du territoire par la loi du 5 avril 1884, ce document devient un élément fondamental prouvant la réalité de la vie de famille. 

Le livret de famille est délivré soit aux époux à l’issue de la cérémonie de leur mariage, soit lors de la naissance du premier enfant d'un couple non marié. Il est ultérieurement et éventuellement complété, par les extraits d'acte de naissance des autres enfants ou par le mariage, la séparation de corps, le divorce et le décès des parents. Ceux-ci ont d'ailleurs une obligation légale de tenir leur livret de famille à jour sous peine de sanctions. 

Le décret du 15 mai 1974 crée trois sortes de livrets de famille : le livret de famille d'époux, celui de père ou mère naturels, et celui de famille naturelle. 

Depuis le 1er juillet 2006, le nouveau livret de famille, appelé livret unique, doit obligatoirement comporter les extraits d'actes de naissance de tous les enfants d'un même père et d'une même mère ; en revanche les enfants issus d'une autre union n'ont pas à y figurer. Il n'est pas délivré à l'occasion de la conclusion d'un pacte civil de solidarité. En 2013, la reconnaissance du mariage entre personnes de même sexe, a posé la question d'une modification des termes, puisque père ou époux, et mère ou épouse ne conviennent pas.

Document de première importance pour connaître son histoire personnelle, le livret de famille permet d’attester la filiation entre les grands-parents, les parents et les enfants. On y trouve ainsi pour les époux la date et le lieu du mariage, le nom de famille et les prénoms des époux, les dates et lieux de naissance des époux, les noms et prénoms des parents des époux, l’existence ou non d’un contrat de mariage (avec, dans l’affirmative, le nom et l’adresse du notaire) et une page pour noter le décès des époux. Pour les enfants on trouvera le nom et ^prénom de ces derniers ainsi que la date et le lieu de naissance de chaque enfant. Une partie est également réservée pour enregistrer le décès d’un enfant mineur.

Papier privé par excellence, les Archives départementales n’ont pas mission à conserver ces documents dans les fonds administratifs. Néanmoins plusieurs exemplaires sont aujourd’hui conservés dans la série J des Archives (fonds privés) et plus précisément en sous-série 1 J. Le livret de famille de la famille Duparque-Bridoux de Vers-sur-Selle, coté 1 J 4391, présenté ici, a été retrouvé parmi un ensemble disparate de papiers privés.

La consultation de ces documents permet aux généalogistes de trouver de précieux renseignements. La recherche généalogique fait partie des thèmes de recherche les plus courantes aux Archives. De nombreux documents, d’origine publique, parfois en ligne comme l’état civil, les tables décennales, les recensements de population, les listes électorales et une partie des registres militaires, permettent au plus grand nombre de réaliser leur arbre généalogique. D’autres documents, d’origine privée, comme les dépouillements généalogiques, réalisés par des passionnés de recherche, et donnés aux Archives permettent d’identifier plus rapidement les éléments clefs pour un individu. On peut ici citer les fonds de Christian Gillet, coté en sous-série 169 J, composé de plus de 100 dépouillements, ou bien encore le fonds du Cercle généalogique de Picardie, coté en sous-série 13 J.

Mai 2023 : La Journée nationale de l’Arbre

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La Somme, du fait de son histoire, est un département peu boisé. En effet, selon une étude de l’Inventaire forestier national, le taux de boisement du département ne représente que 9% alors que la moyenne nationale s’élève à 27,4%. Bien que moins boisé que l’Oise et l’Aisne, la place de l’arbre est néanmoins importante dans l’histoire samarienne. Depuis les temps les plus reculés, l’Homme a su en tirer profit et avantage. Voué parfois à un culte païen, comme l’arbre à loques de Sénarpont où l’on venait invoquer saint Claude en espérant une guérison (aujourd’hui disparu), utilisé comme repères sur le bord des routes pour en indiquer les limites et la sinuosité (alignement de hêtres de la cote de Doullens) ou bien encore pour célébrer des évènements majeurs de notre histoire comme les arbres de la Liberté planté dès 1793 (comme le platane de Flixecourt), l’arbre se présente aujourd’hui comme l’un des moyens les plus sûr pour préserver la biodiversité et lutter contre le réchauffement climatiques.

Dans de nombreux pays est créée une journée de l’arbre visant à sensibiliser à la protection des forêts et des zones boisée. La première journée dédiée à l’arbre semble avoir été instaurée aux Etats-Unis en 1872. D’autres pays suivront cet exemple, l’Australie en 1889, la Chine en 1915 ou bien encore le Luxembourg depuis 1991. En 1969, le congrès forestier national qui se tient à Rome recommande l’organisation d’une telle journée. Cette recommandation est même acceptée, deux ans plus tard, par l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation en 1971.

En France, contrairement aux propos du célèbre jardinier Alain Baraton, il a bien existé une journée nationale de l’arbre. Les documents proposés ici en sont la preuve. Identifié sous la cote 1101 W 103, le dossier provenant du cabinet de la Préfecture de la Somme retrace la préparation, le déroulement et le bilan de la journée de l’arbre de 1977 à 1980. Cette journée est instituée en 1977 à la demande du président de la République au pouvoir à l’époque, à savoir Valéry Giscard d’Estaing.  

La lecture du dossier nous apprend ainsi qu’il est décidé pour la première fois en France de célébrer l’arbre sur l’ensemble du territoire le 16 avril 1977. Les différents rapports permettent de retracer le déroulement de cette journée nationale dans le département. Des visites sont alors organisées en forêt de Crécy par l’Office national des forêts, par le syndicat des propriétaires forestiers sylviculteurs de la Somme et par la direction départementale de l’agriculture. La matinée est réservée à l’accueil des scolaires qui assiste à des plantations d’arbres. L’après-midi des visites des forêts de Creuse et de Crécy sont proposées au grand public. De même certains espaces boisés privés sont ouverts à l’occasion. Le préfet assiste à la plantation d’arbres au lieu-dit Bois de Boulogne sur le territoire de Forest-L’abbaye et sur l’aire de repos routière de Saisseval.

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La deuxième journée de l’arbre est organisée le 24 juin 1978 autour du thème Le respect de l’arbre et de la forêt. Comme lors de la première édition des plantations sont réalisées à Crécy, à Arguel et à Creuse. A cette occasion, un concours de dessins est proposé aux scolaires par le musée de Picardie. La troisième édition à pour thème L’arbre et l’habitat. Elle a lieu le 29 mars 1979. La quatrième et dernière édition organisée le 4 mars 1980 est consacré à L’arbre, ses métiers, ses artisans. Cette nouvelle journée veut mettre particulièrement en lumière les métiers liés au travail du bois ainsi qu’à son exploitation. Certains villages samariens bien que n’ayant pas d’espace forestier boisé sur leur territoire participent à cette manifestation. Ainsi à Salouel, le 18 mars 1980, une opération de plantation est organisée alors que les enfants du Quesnel-en-Santerre et de Beaucourt se rendent au carrefour du chemin départemental 934 sur l’axe Amiens-Roye pour y planter plusieurs arbres. Après 1980, les dossiers conservés dans cette sous-série n’indiquent plus d’organisation de la journée nationale de l’arbre. Cette initiative n’existe plus aujourd’hui au niveau national ; elle semble avoir été remplacée par la journée internationale de la forêt. L’année 2011 est proclamée année internationale des forêts et l’Organisation des Nations unies instaure une journée mettant, à travers le monde, les forêts à l’honneur. Le 21 mars est alors proclamé Journée internationale des forêts. En France, cette journée, reprend l’idée de la journée nationale de l’arbre en célébrant la forêt, l’arbre et le bois. La journée de l’arbre n’a néanmoins pas disparu partout. Certaines villes proposent encore une journée de l’arbre chaque année, c’est le cas au Raincy dans le département de la Seine-Saint-Denis ou bien encore dans la commune de Ferrières, dans le Loir-et-Cher.

Ce dossier relatif à la journée de l’arbre, manifestation nationale éphémère peu connue, permet d’aborder une partie de l’histoire forestière du département de la Somme. Les Archives de la Somme conservent d’autres nombreuses sources liées à la forêt et aux arbres. On peut ici citer pour la période ancienne, le fonds de l’Intendance de Picardie, cotée en sous-série 1 C, mais également la série A (actes du pouvoir souverain) à partir de laquelle il sera possible de retracer la politique royale relative aux arbres, à la forêt et à sa gestion sous l’Ancien Régime. Il faut également citer le précieux fonds de l’Office nationale des forêts, coté en sous-série 8 ETP et qui conserve des documents s’échelonnant de 1722 à 2002. Outre les sources manuscrites et imprimées, les Archives de la Somme conservent également de nombreux documents iconographiques, en majeure partie numérisés et accessibles en ligne.

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Avril 2023 : Registre matricule des enfants trouvés de l’hospice Saint-Charles et Saint-Anne d’Amiens

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Sous l’Antiquité, la plupart des sociétés patriarcales accordent presque toutes au père le droit de vie et de mort sur ses enfants ou celui de les vendre comme esclaves. L’Eglise catholique, naissante, va peu à peu accorder une protection aux enfants abandonnés ou orphelins. Au IVe siècle, l’empereur Constantin, converti au christianisme, n’interdit pas les infanticides et l’esclavage des enfants mais fait organiser les premiers secours à apporter aux familles indigentes. 

Il faut attendre le règne des empereurs Valens (364-378) et Gratien (375-383) pour que de telles pratiques soient punissables. A la chute de l’Empire romain, l’Eglise catholique organise la protection des enfants trouvés. Au Ve siècle, les conciles de Vaison et d’Arles prennent diverses mesures pour protéger les enfants. Ces derniers peuvent alors être portés à l’église où les prêtres en font l’annonce aux fidèles. Si au bout de 10 jours les parents ne se sont pas manifestés, les enfants peuvent être accueillis « achetés » par un fidèle moyennant une somme en espèce. Au début du Moyen-Age, les textes font apparaitre que les enfants sont encore vendus sur les foires. 

En France, il faut attendre le XIIe siècle pour qu’apparaisse le premier établissement destiné à accueillir et à s’occuper des enfants abandonnés. Créé à Montpellier par l’ordre des Hospitaliers du Saint-Esprit, cette maison fait des émules. Si l’Eglise est à l’origine de la protection infantile, les villes, de riches donateurs et le pouvoir royal œuvrent également à la mise en place de structure adaptées. Du XVIe au XVIIe siècles diverses maisons destinées à aider les enfants et les nécessiteux sont créées. A Abbeville, par exemple, un bureau des pauvres est institué le 3 mars 1581 pour venir en aide aux plus nécessiteux et dans les années 1640 l’hôpital des orphelines de Saint-Joseph et de Sainte-Anne ouvre ses portes. 

Le 27 avril 1656, Louis XIV, institue un hôpital général à Paris, puis à partir de 1662 dans toutes les grandes villes de royaume. Cette nouvelle structure est destinée à regrouper les mendiants valides (adultes), les enfants et les vieillards. 

Parmi ses missions, l’hôpital général se voit confier les soins de contrôler et d’enrayer la mendicité. Plusieurs établissements de ce type sont créés dans le département de la Somme : à Amiens le 13 février 1641 sous les vocables de Saint-Charles et de Sainte-Anne, à Abbeville le 13 octobre 1724 sous ceux de Saint-Etienne et de Saint-Bernard et à Montdidier en mai 1693 sous celui de la Sainte-Trinité. 

Les enfants accueillis dans ces établissements sont logés, nourris, placés si besoin chez des nourrices, puis employés à divers petits métiers jusqu’à leur majorité.

Une évolution majeure est amorcée avec la Révolution qui proclame le droit au secours et qui organise les bases de l’Assistance publique. L’aide aux enfants trouvés est obligatoire et accède au rang de service public. A partir du décret du 25 vendémiaire an X (17 octobre 1801) la gestion les dépenses liées à l’entretien des enfants placés et ou abandonnés est à la charge des départements. Les hôpitaux généraux gardent les missions qu’ils avaient sous l’Ancien Régime mais changent d’appellation pour devenir des hospices. 

Le registre présenté ici contient l’enregistrement des enfants trouvés de l’hospice Saint-Charles et Sainte-Anne d’Amiens pour la période du 22 pluviôse an VIII (11 février 1800) au 9 décembre 1813. Dans ce registre, le plus ancien de ce genre conservé dans le fonds de l’Assistance et de la prévoyance sociale des Archives de la Somme, 1170 enfants trouvés ont été enregistrés. 

Pour chaque enfant trouvé il est inscrit dans ce registre son numéro de matricule avec le maximum de renseignements dont disposent les autorités sur ce dernier au moment de son abandon. Ces précis enregistrements permettent aux inspecteurs des Enfants Assistés de contrôler les admissions. 

Certains registres, comme celui-ci, contiennent, outre l’enregistrement administratif, des billets et objets trouvés sur l’enfant lors de son abandon (rubans, bracelets, croix, chapelets, médailles, étoffes…). Les mères espéraient pouvoir à travers ces modestes signes, identifier leurs enfants, si leur situation permettait de venir les récupérer à l’hospice. Ces registres permettent de suivre la trace des enfants durant leur minorité. Pour certains on peut ainsi connaître s’ils ont été placés dans un premier temps chez une nourrice sevreuse ou bien gardeuse. La législation oblige à ce que chaque enfant trouvé soit enregistré à son arrivée, avec son sexe, son âge apparent, les marques naturelles et les langes qu’il porte, pouvant servir à le faire reconnaître.

Les raisons qui poussent à l’abandon sont multiples (enfant illégitime, crise de subsistance, décès de la mère…). Les billets retrouvés dans les langes indiquent généralement le prénom de l’enfant et s’il a reçu le baptême au moment de son abandon. Nombre de billets indiquent que les familles, en période de misère, ne peuvent nourrir une bouche supplémentaire, certaines promettent de reprendre leur enfant dès que la situation se sera améliorée. L’étude de ces fiches individuelles laisse apparaitre une forte mortalité infantile et un niveau d’hygiène très faible.

Conservé en série X des Archives départementales de la Somme (Assistance publique, 1800-1940), sous la coté 99 X 463567, ce registre, particulièrement précieux et riches d’enseignements, a été restauré en 2018. Numérisé, il est consultable sur le site internet des Archives. Il fait partie d’un ensemble de sources considérables sur l’histoire de la protection de l’enfance pour la période 1800-1940. 

Pour la période postérieure à 1940, le chercheur pourra consulter les dossiers des personnes admises au Service de l’Aide sociale à l’enfance conservés en sous-série 1465 W (pour la période 1941 à 1950) et en sous-série 215 W (pour la période allant de 1951 à 2006). L’ensemble de ces dossiers n’est pas librement communicable. 

Mars 2023 : Le cahier de couture de Thérèse Martin

Cahier de couture - Cote ADS : 1J4646

L’enseignement de la couture à l’école a laissé dans les fonds d’archives publiques de l’enseignement des témoignages écrits et quelques petits morceaux d’étoffes sur lesquels les candidates au certificat d’études ont réalisé l’épreuve de couture. Plus rares sont les documents privés liés à cette pratique scolaire. Le cahier de Thérèse Martin, écolière amiénoise, offre un témoignage scolaire, voire artistique, des travaux d’aiguilles enseignés aux jeunes filles. Donné aux Archives de la Somme, en 2022, par un généreux mécène, ce document est référencé sous la cote 1 J 4646. 

L’éducation des filles qui s’établit progressivement au XIXe siècle est fondamentalement liée au rôle qui leur est dévolu à l’époque. On prépare les petites filles à devenir de bonnes ménagères et non de futures universitaires. Les manuels enseignent les travaux d’aiguilles, les règles d’hygiène, la morale et la religion. Les sciences, la littérature, la culture générale doivent permettre aux futures mères d’éduquer ou d’accompagner les études de leurs enfants. L’enseignement de la Couture se met en place officiellement dès l’ordonnance de 1836 et est régulièrement réaffirmée. La loi du 10 avril 1867 étend les travaux manuels obligatoires aux écoles mixtes et prévoit une femme ou maîtresse de couture chargée de la direction des travaux à l’aiguille des jeunes filles. 

Les travaux d’aiguille recouvrent tous les ouvrages de fils et l’ensemble des travaux de réparation ou de confection des vêtements. Occupations féminines par excellence, ces tâches, tranquilles et sédentaires, sont considérées comme adaptées aux conditions physiques de la femme. De plus, elles sont supposées limiter l’imagination et éviter les mauvaises pensées que pourraient faire naître quelques lectures frivoles. Le maintien du corps et l’agilité des mains sont essentiels à la réalisation de ces travaux, aussi, sont-ils intégrés au domaine de l’éducation physique aux termes de la loi du 28 mars 1882. 

Le décret du 29 janvier 1890 assigne à la charge des communes l’achat pour les écoles de filles de l’étoffe nécessaire à l’enseignement élémentaire de la couture. Éducative, la couture ne doit pas se limiter à l’apprentissage des rudiments gestuels mais apprendre les principes d’assemblage grâce à la confection d’objets usuels que sont bavoirs, sacs, pochettes, taies d’oreiller… Pour demeurer à l’école, l’apprentissage du point de marque doit respecter l’ordre des combinaisons des lignes droites, obliques puis courbes. Scolarisé, le travail manuel consiste ainsi à distinguer l’école de l’ouvroir et de la maison où les mêmes travaux sont effectués machinalement

L’organisation des programmes de 1898 prescrit 2 h 1/2 de travail manuel dans la semaine d’école des filles de la section enfantine au cours moyen puis 3 heures au cours supérieur. De 4 à 13 ans, les fillettes doivent parcourir un itinéraire éducatif portant sur la couture usuelle, le raccommodage, le tricot, le crochet et la marque. La fin du cours moyen correspond à un terme de cet apprentissage élémentaire, évalué lors de l’épreuve du Certificat d’Études, et éventuellement approfondi au cours supérieur. Les programmes des cours élémentaire et moyen sont particulièrement détaillés afin de bien montrer la graduation des apprentissages. 

Le cahier de Thérèse Martin, non daté, composés de 26 planches d’un format de 25,5 centimètres par 32,6 centimètres, n’indique pas le niveau dans lequel elle suit ses cours de couture. Néanmoins au regard de la complexité graduée des exercices qu’elle réalise, il est facile d’en déduire qu’elle suit des cours de couture dans le cadre d’études supérieures. 

L’originalité de ce document réside dans le fait que l’élève a ici mis en scène ses travaux de couture. Chaque réalisation est insérée dans un joli dessin où il indiqué en marge de la planche les points de couture effectués. 

Pourvues d’un nécessaire contenant dé, aiguilles, fil, ciseaux, centimètre et pièce de tissu, les filles doivent recevoir un enseignement théorique et pratique inscrit dans un cahier. Une leçon de couture se décline en trois période. La première correspond aux explications pratiques (modes d’exécution d’un point, caractéristiques d’une couture et ses usages), la deuxième aux exercices préliminaires de dessin et la troisième à la réalisation sur une pièce de tissu. Durant la seconde moitié du XIXe siècle et la première du XXe siècle plusieurs instructions viennent modifier et/ou compléter l’enseignement de la couture. Le nouveau plan d’études de 1923 prône une organisation utilitaire et instructive et prévoit 2h de cours hebdomadaire. L’enseignement n’est plus physique mais intellectuel et rattaché au dessin et aux sciences appliquées. La réduction de la durée de l’enseignement limite à l’apprentissage des coutures les plus courantes dans les travaux ménagers. L’évolution de la société et des mentalités font disparaître peu à peu cette pratique scolaire dans le courant des années 1970.

Les Archives de la Somme conservent de nombreux fonds publics ou privés liés à l’histoire de l’enseignement. Pour la période 1800 à 1940, la série T offre de nombreuses références. Pour la période plus récente, depuis quelques années désormais, grâce au travail du service Aide aux communes et au responsable des fonds scolaires contemporains plusieurs fonds d’écoles sont entrés en série W, ont été identifiés, classés et sont aujourd’hui consultables en salle de lecture. Parallèlement à ces fonds publics, plusieurs fonds privés comme celui du Recteur de l’académie d’Amiens, Jean-Baptiste Dijon, peuvent également faire l’objet d’une étude sur l’histoire de l’enseignement dans le département de la Somme.

Février 2023 : Plan du moulin du village du Petit-Saint-Jean dans la vallée de la Selle

Archives de la Somme - Cote 1B_CP_3297

La présence de moulins installés sur les cours d’eau de notre département est attestée dans les archives dès le XIe siècle. Ainsi, en 1058, Guy de Ponthieu, évêque d’Amiens donne au chapitre cathédral, les douze moulins qu’il possède. Toutes les rivières samariennes sont barrées par des moulins. Au XVIIIe siècle on en compte 60 sur l’Authie, 30 sur la Selle et 20 sur la Noye.

Le dessin présenté ici est à l’origine une pièce annexe à un procès-verbal dressé pour donner suite à un litige opposant l’abbaye Saint-Jean d’Amiens au sieur de La Vicogne devant le baillage d’Amiens. Long d’1m30 et haut de 45 cm, ce dessin sur papier est aquarellé. Face à son état de conservation fragile, ce document a fait partie d’une campagne de restauration. Les lacunes ont été, dans un premier temps, comblées puis il a ensuite été entoilé.

L’auteur du dessin, François Gontier, a représenté sur ce plan le moulin avec de nombreux détails alors que ce dernier n’est pas en cause dans le procès. Le litige porte sur une parcelle de terre située en face du moulin. Grâce à ce dessin, on peut voir un moulin à deux roues à aube construit pour utiliser au maximum l’énergie de la rivière. La Selle qui possède un débit régulier et continu a favorisé l’installation de nombreux moulins majoritairement tous spécialisé dans la fabrication du papier. En 1750, la rivière fait fonctionner 30 moulins ; on en dénombre 98 au début du XIXe siècle.

Conservé dans le fonds du baillage d’Amiens sous la cote 1 B CP 3297, ce dessin est accessible sur le portail des Archives de la Somme

Janvier 2023 : L’Almanach du facteur

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Chaque fin d’année, les facteurs se rendent au domicile des particuliers dont ils transportent chaque jour le courrier pour leur offrir des calendriers. Ils reçoivent en échange une somme d’argent recueillie individuellement.

L’almanach, dans son sens général s’identifie avec le calendrier et remonte au XVe siècle. Du XVIIe au XIXe siècles les almanachs, écrits pour des gens du peuple, proches de la nature et qui lisent peu deviennent de puissants vecteurs de l’instruction. 

Le calendrier destiné à être fixé au mur n’apparait en France qu’au début du XVIIe siècle. Le facteur qui livre les lettres à domicile apparaît dans les textes vers 1638. À partir de la fin du XVIIIe siècle, en province, les facteurs prennent l’habitude d’offrir, au Nouvel An, un calendrier pour les étrennes, appelées aussi parfois l’impôt du Nouvel An, le facteur propose en complément de ses bons vœux de petits calendriers muraux.

Le 15 décembre 1849 l’administration générale des postes, confirme pour les facteurs le droit de la distribution des calendriers à leur profit et pour leur compte conformément à un usage depuis longtemps établi. L’administration se réserve néanmoins la possibilité d’intervenir sur deux points : les illustrations qui ne doivent pas « froisser le public au point de vue moral, religieux ou politique », et l’exactitude des renseignements postaux.

Une circulaire du 17 août 1849 renouvelle le genre de l’almanach des Postes en livret-calendrier. En 1850, certains calendriers régionaux adoptent le format actuel (21x27 cm), ainsi que la répartition des six mois de chaque côté d’un support cartonné. L’administration rend obligatoire plusieurs informations : présence d’une éphéméride, des mentions astronomiques, avec les heures de levés et de couchers du soleil et de la Lune, des indications des foires et marchés, une carte de France et des cartes locales, des renseignements généraux sur le service postal et autres renseignements administratifs.

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En 1854, le premier calendrier des postes est édité, à l’échelle nationale, par Mary-Dupuis, imprimeur-libraire-éditeur à Noyon. En 1859 cette dernière ne pouvant assurer seule la fabrication de tous les calendriers, l’imprimerie rennaise Oberthur, fondée en 1852, obtient en 1860 le privilège de la fabrication pour les facteurs de la France entière. A partir de 1880 jusqu’à nos jours les éditeurs se succèdent. Aujourd’hui quatre imprimeries se partagent le marché Oberthur, Oller, Lavigne et Cartier-Besson.

Place privilégiée dans les intérieurs, parfois accroché au mur, l’almanach est porteur d'informations quotidiennes dont nous avons souvent besoin. On profite de cette place incontournable dans la vie de chacun pour lui faire dévoiler des brins d'histoire de la vie quotidienne, des témoignages sur des événements de l'année passée ou encore des sujets politiques. Des plus de 5 000 références proposées aujourd’hui les illustrations se sont modifiées et ont évolué au fil des ans. Son nom varie en fonction des époques, pour être définitivement fixé en 1989 sous le nom d’Almanach du facteur.

Les Archives de la Somme conservent une belle collection d’Almanach du facteur dont le plus ancien remonte à 1855. La grande majorité des almanachs trouvent dans la sous-série 1 J, dans le fonds de la bibliothèque historique et dans les collections des archives diocésaines déposées.

Archives de la Somme - 1J4571

Document présenté : Almanach de 1980, cote ADS : 1J4571

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