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"Dons de mémoire" : collecte d'archives privées sur la Grande Guerre
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La famille Danest a confié aux Archives départementales de la Somme la numérisation du journal intime de leur ancêtre Célestine Doniau-Danest.
Célestine Virginie Doniau est le 26 novembre 1867 à Paris dans le 1er arrondissement. Elle est la fille de Julien Pierre Doniau, banquier, et de Virginie Rose Alexandrine Ricard, banquière. Ecrivain, elle est connue sous le nom d'auteur Richard d'Oniot. Son roman le plus célèbre, "La conversion d'une Parisienne", est paru en 1908. Elle a également écrit "Moi" paru en 1929. Elle décède en 1933. Elle est l'épouse d'Edouard Danest, un architecte qui travaille aux fortifications de Paris pendant la Grande Guerre.
Durant la Grande Guerre, Célestine Doniau-Danest tient un journal très documenté sur les évènements marquants et la vie quotidienne dans la capitale et sur les actualités géopolitiques de la guerre. Ce journal traite de la période du 25 juillet 1914 au 4 juin 1915. Elle analyse les évènements avec une plume remarquable et personnelle, tout en finesse et en connotations. Selon son petit-fils, une suite à ce journal existerait mais n'a pas été retrouvée.
Cette période sera tragique pour Célestine. Son mari meurt en 1916 à l'âge de 54 ans. Albert, un de ses fils, meurt à l'âge de 22 ans le 11 octobre 1918 à l'hôpital complémentaire d'armée n° 39 à Beauvais (Oise), de maladie contracté en service commandé.
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Date
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Origine
Biographie ou Histoire
Célestine Virginie Doniau est née le 26 novembre 1867 à Paris dans le 1er arrondissement. Elle est la fille de Julien Pierre Doniau, banquier, et de Virginie Rose Alexandrine Ricard, banquière.
Ecrivain, elle est connue sous le nom d'auteur Richard d'Oniot. Son roman le plus célèbre, "La conversion d'une Parisienne", est paru en 1908. Elle a également écrit "Moi" paru en 1929. Elle décède en 1933. Elle est l'épouse d'Edouard Danest.
Edouard Danest est né le 19 novembre 1862 à Neuilly-sur-Seine. Il est le fils de Joseph Augustin Danest, propriétaire, et de Marie Augustine Gaignet-Cherrier. Architecte, durant la Grande Guerre il s'occupe de mettre en place des fortifications à Paris pour contrer les bombardements allemands. Entre autre, il met en place des plateformes anti-aériennes contre les redoutés zeppelins. Edouard décède en 1916.
Deux fils d'Edouard et Célestine Danest, Pierre et Albert, ont été mobilisés durant la Grande Guerre.
Albert Danest est né le 17 août 1896 à Paris dans le 6e arrondissement. Enregistré sous le matricule militaire n° 2421 de la classe 1916 dans le 4e bureau de la Seine, il est mobilisé au grade de 2e canonnier conducteur au 210e Régiment d'Artillerie de campagne. Il est mort pour la France le 11 octobre 1918 à l'hôpital complémentaire d'armée n° 39 à Beauvais (Oise), de maladie contracté en service commandé.
Pierre Danest est né le 28 janvier 1893 à Paris dans le 6e arrondissement. Il est mobilisé dans l'Infanterie et le Génie durant la Grande Guerre, à laquelle il survit. Le 6 mai 1925, il épouse Denise Giroux à Paris. Il décède le 4 septembre 1965 à La Perrière dans l'Orne.
Un autre fils prénommé Jacques Paul est né le 17 mai 1895.
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Durant la Grande Guerre, Célestine Doniau-Danest tient un journal très documenté sur les évènements marquants et la vie quotidienne dans la capitale et sur les actualités géopolitiques de la guerre. Ce journal traite de la période du 25 juillet 1914 au 4 juin 1915. Elle analyse les évènements avec une plume remarquable et personnelle, tout en finesse et en connotations. Selon son petit-fils, une suite à ce journal existerait mais n'a pas été retrouvée.
Voici quelques extraits de son journal intime :
"Mardi 28 [juillet 1914] : Epreuves de mathématiques d'Albert - espère encore. L'Allemagne joue le double jeu de rassurer les puissances et d'exciter son alliée l'Autriche ; des évènements se dégage nettement l'impression qu'elle veut la guerre. Paris est oppressé, angoissée comme lorsqu'on s'attend à un orage. Albert fait son problème de math avec le fils Dreyfus (la famille Dreyfus habitait au-dessous de nous Av. Daumesnil, et l'un des fils était à peu près de l'âge d'Albert), il s'aperçoit qu'il est mauvais, plus d'espoir. Retiré argent du Crédit Lyonnais, impossible déjà de se procurer de la monnaie - guichets assiégés."
"Dimanche 2 août 1914 : [...] La France déclarée en état de siège. Les civils passent sous l'autorité militaire. On s'arrache les journaux à la gare d'Epinay. La gare est pleine de réservistes qui partent, les femmes pleurent. Beaucoup d'hommes ont de grandes difficultés à rejoindre leurs corps, les trains ne s'arrêtent pas, ils vont à pied, à bicyclettes, en charrettes, mais ils arrivent tout de même ; les trains de mobilisés passent toujours avec une régularité parfaite sans accident, et presque sans retard. L'Allemagne continue ses galanteries. Ils volent des chevaux qu'on réquisitionnait à la frontière et font prisonniers les conducteurs [...]."
"Lundi 5 octobre [1914] : Edouard venu me chercher en auto pour aller voir les travaux de défense. Quelle surprise ! ... Les travaux de fortification pour moi, profane, me semblent bien peu de chose pour arrêter l'avalanche des allemands s'ils reviennent, il est vrai que je n'y connais rien. Je suis assise tout contre le parapet qu'on est en train de faire avec des mottes de gazon superposées, il y a des canons de loin en loin, très peu, il faisait beau, je voyais très loin sur le bois de Vincennes, les mitrailleuses crépitaient sur le champ de manoeuvre pour des exercices de tir, un rat énorme est venu jusqu'à mes pieds ; pour lui tout ce remue ménage de terre est presque aussi terrible que la destruction de Louvain par ses habitants, tout est relatif ; du haut de Neptune ou de Mars, cette horrible guerre ne semblerait sans doute pas à leurs habitants plus intéressante qu'un combat de fourmis. [...]"
"23.11.1914 : Les Allemands ont détruit à coup de boulets les Halles et l'Hôtel de Ville à Ypres, chef d'oeuvre d'architecture, paraît-il, du XVIe siècle. Si seulement ils étaient capables d'en faire autant ! Mais non ! et il y a, c'est certain, dans leur rage ainsi à détruire, comme une jalousie d'être inférieur, un peu de cette basse colère de Jacobin qui envoyait son maître, le Marquis, à la guillotine, parce qu'il ne pouvait arracher de son âme ce respect et cette admiration que malgré son âme changée pour celle d'un sans-culotte, il lui gardait. [...]"
"15 janvier [1915] : Albert revient du Conseil de révision. Bon pour le service. Emotion, pleurs, toute la faiblesse féminine qui me revient du coeur aux yeux. De qui attendre un mot de consolation. Pas de mon mari en tout cas, le soin de la France l'absorbe [...]"
"17 avril [1915] : La guerre aérienne continue un peu partout, nous bombardons, les allemands envoient taubes et zeppelins sur les villes ouvertes surtout en Angleterre. On ne leur reproche même plus de violer la Conférence de La Haye. A quoi bon, ils sont jaugés, catalogués demi-sauvages et on ne cherche pas à s'indigner de ce que font des sauvages, on les tue par tous les moyens possibles. On en est là après dix siècles de soit disant civilisation. Il a fallu d'un seul peuple ayant conservé presque intacte sa mentalité d'homme des bois pour déchaîner la bête aussi bien de ce côté-ci des barricades que de l'autre. Car il ne faut pas croire que nos soldats font la guerre en dentelle. Eux aussi se défendent et si il y a de la casse un jour en Allemagne tant pis pour celui qui a donné le ton le premier à cette affreuse mêlée."
"4 juin [1915] : La préfecture de police fait distribuer des masques protecteurs contre les gaz asphyxiants aux agents de la ville de Paris au cas où les Zeppelins viendraient jeter leurs bombes à gaz sur Paris. Il est recommandé dans ce cas d'aller respirer dans les mansardes. Si elles sont explosives ou incendiaires, il faut se réfugier dans les caves. On ne sait plus auquel entendre, les loustics plaisantent, est-ce la cave ou le grenier ? Faudrait s'entendre, la caricature s'en mêle. On devait bien un peu plaisanter dans Troie assiégée, ces gens là ne purent rester 10 ans sans rire et nous, puisque la guerre se prolonge, notre tempérament français malgré toutes ces horreurs ne peut garder plus longtemps son sérieux. Quand les Allemands étaient à 15 kms de Paris, on était grave, mais maintenant qu'ils sont à 80 kms, maintenus par la poigne de fer de nos soldats, pas besoin de se gêner, et on ne se gêne pas à Paris, on ne se gêne même pas assez. Toujours des raids de zeppelins sur Londres, sanglants ceux-là [...]."
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