Jusqu'à la Révolution française, le document est conservé dans le chartrier de l'abbaye de Corbie. Il disparaît du fonds d'archives pendant la Révolution, échappant aux séquestres des biens des communautés monastiques supprimées. En 1836, il est attesté que le document est détenu par un banquier et collectionneur, membre de la Société des antiquaires de Picardie, Jean-Baptiste Ledieu. À l'époque, le document est décrit comme étant en "bien mauvais état". Le document reste dans la famille Ledieu, en mains privées, et le chartiste Clovis Brunel a l'occasion de l'examiner en 1912 à Amiens. Il publie le résultat de son étude dans un article qui constitue la première analyse scientifique du document. On retrouve la trace de la charte en 1991 lors d'une vente aux enchères à Paris. Près de 80 ans après son confrère Clovis Brunel, le chartiste Laurent Morelle a alors la possibilité de procéder à un examen attentif du document et il livre les résultats de son expertise dans un article qui reste à ce jour l'étude la plus complète sur la charte de Corbie. En 1991, un collectionneur américain devient le nouveau propriétaire du document, avant de le remettre en vente en 2004. La charte est acquise par la société Aristophil, qui l'intègre dans ses collections patrimoniales au sein de son musée privé des lettres et manuscrits à Paris. A la suite de la liquidation judiciaire de cette société en 2015, la charte de Corbie est mise en vente en 2018 et finalement acquise par le Département de la Somme.

Achat chez Aguttes (société de ventes aux enchères) en juin 2018 à Paris, avec le soutien financier du Ministère de la culture (service interministériel des Archives de France).

Cette charte, rédigée en latin, a été accordée en 825 par l'empereur Louis le Pieux (fils de Charlemagne) et son fils aîné Lothaire en faveur de l'abbaye de Corbie, à l'époque l'un des centres monastiques les plus riches et les plus célèbres d'Europe du Nord.

Plus ancien document conservé aux Archives départementales de la Somme, la charte originale, datée de 825, a été accordée par l'empereur Louis le Pieux et son fils aîné Lothaire en faveur de l'abbaye de Corbie pour une confirmation de privilèges.

Le document présente un intérêt historique exceptionnel, très peu de chartes originales antérieures au Xe siècle ayant été conservées.

Cette charte fournit l'opportunité unique de comparer le texte impérial d'origine avec les transcriptions ultérieures pour établir la transmission de tels écrits au cours des siècles. Le document donne également un aperçu des manières de rédiger un acte officiel à l'époque carolingienne.

La charte se présente sous la forme d'un document manuscrit sur parchemin, rédigé au palais impérial d'Aix-la-Chapelle en 825 (jour et mois non précisés) : 10 lignes longues et espacées suivies de 4 lignes partielles d'attestations au bas du document, écriture de chancellerie, première ligne écrite en lettres hautes et étroites, texte au verso rédigé perpendiculairement au recto. Au verso : transcription partielle du XIIIe siècle.

Document original précieux (restauré) non communicable

Portail TELMA, Chartes originales antérieures à 1121 conservées en France, Cédric GIRAUD, Jean-Baptiste RENAULT et Benoît-Michel TOCK, Nancy : Centre de Médiévistique Jean Schneider, édition électronique : Orléans : Institut de Recherche et d'Histoire des Textes, acte n°4841, 2012. Notice descriptive et transcription de l'acte.

Clovis BRUNEL, « L'original du diplôme des empereurs Louis le Pieux et Lothaire pour l'abbaye de Corbie (825) », dans Le Moyen Age, 1912, tome XXV, pp. 129-143.

Laurent MORELLE, « Le diplôme original de Louis le Pieux et Lothaire (825) pour l'abbaye de Corbie, à propos d'un document récemment mis en vente », dans Bibliothèque de l'école des chartes, 1991, tome 149, pp. 405-420.