"Dons de mémoire" 2013-5 : archives de la famille Dupont

Déplier tous les niveaux

Cote/Cotes extrêmes

134J68 (Cote(s))

Modalités d'entrées

"Dons de mémoire" : collecte d'archives privées sur la Grande Guerre

Présentation du contenu

La famille Dupont a confié aux Archives départementales de la Somme la numérisation de documents concernant la famille Tacquet à Abbeville, notamment les journaux intimes de Suzanne et Magdeleine Tacquet.

M. Dupont écrit : "Magdeleine et Suzanne Tacquet ont respectivement 18 et 21 ans quand la guerre éclate en 1914. Elles sont les deux filles d'un médecin d'Abbeville. Catholiques et patriotes, elles écrivent quotidiennement dans leurs carnets intimes... Très vite, la guerre devient le sujet principal de leurs écrits, et sans s'en rendre compte, elles y laissent un témoignage riche et précieux concernant cette époque douloureuse. Pendant 4 ans, Abbeville est une ville de garnison située à seulement 40 km du front et est parfois bombardée, aussi, la famille Tacquet se réfugie souvent à Cayeux-sur-mer où elle passe traditionnellement l'été."

Au travers de ces différents documents de famille, on suit également le destin tragique d'un jeune soldat, Lucien Thiébaut (1894-1917) originaire d'Anizy-le-Château (Aisne), qui est le "filleul de guerre" de Madame Tacquet.

Journal de Suzanne Tacquet, une jeune abbevilloise dans la tourmente de la Grande Guerre (Volume 2)

Cote/Cotes extrêmes

134J68 (Cote(s))

Date

novembre 1914 - octobre 1916

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Archives départementales de la Somme (version numérique)

Caractéristiques physiques

Carnet

Particularité physique

Couleur
Papier

Origine

Tacquet Suzanne (1893-1979)

Biographie ou Histoire

Suzanne Tacquet est née à Abbeville (Somme), le 23 septembre 1893. Elle est la fille d'Ernest Tacquet, docteur en médecine à Abbeville, et de Céline Vincent.

Dès 1912, elle rédige un journal intime qu'elle tient à jour durant la Grande Guerre.

Ce journal met en lumière la vie quotidienne des populations civiles à Abbeville et à Cayeux-sur-Mer à la veille et pendant la Grande Guerre : les joies, les rencontres, le quotidien, puis soudain l'inquiétude d'une guerre imminente suivie des peurs et angoisses d'un front qui se rapproche, le décor d'une ville devenue un immense casernement pour les troupes anglaises, l'annonce de la mort de jeunes hommes de leur entourage, l'espoir, etc.

Ce journal permet aussi de suivre le parcours d'un jeune soldat, Lucien Thiébaut d'Anizy-le-Château, dont la marraine de guerre n'est autre que la femme du docteur Tacquet. Les deux soeurs, Suzanne et Magdeleine, se prennent d'affection pour ce jeune et brave soldat dont elles parlent régulièrement dans leur journal de bord.

Lucien Thiébaut est né le 15 juin 1894 à Anizy-le-Château. Domestique de ferme, il est le fils de Jules Thiébaut et de Julia Fétizon. Il est incorporé en septembre 1914, au 3e Régiment de Cuirassiers, puis passe au 43e Régiment d'Infanterie en octobre 1914 avant de rejoindre le 156e Régiment d'Infanterie le 4 janvier 1915. Le 11 août 1916, il est décoré de la Médaille Militaire pour sa bravoure au combat. Il meurt au combat le 16 avril 1917 à Moussy (Aisne). Il décoré de la Croix de Guerre avec Palme à titre posthume.

Présentation du contenu

Voici quelques extraits choisis de son deuxième carnet :

- Décembre 1914 : L'année touche à sa fin, non l'horrible guerre. Il fait bien froid, tout est gris et triste, si triste... Abbeville étant dans la zone des Armées, tout ici rappelle la guerre et y ramène sans cesse la pensée. C'est le grondement lointain du canon qui nous arrive tous les jours et nous donne le frisson, c'est le passage continuel d'autos ambulances ou de ravitaillement qui fait branler les maisons éclaboussant la boue jusqu'aux premiers étages ; c'est la vue d'autos blindées, de gros canons de campagne remorqués par d'énormes machines ; c'est sans interruption le sifflet strident des trains passant en gare qui fait songer aux troupes remontant sur le front ; c'est la circulation des soldats français, belges, anglais, écossais, ces derniers pendant le mois d'octobre, aujourd'hui ils sont sur le front. Mais ce sont surtout des uniformes kaki que l'on voit le plus. Abbeville est d'ailleurs avec Saint-Omer un centre anglais. A Saint-Omer est installé l'état-major anglais du 1er échelon, à Abbeville celui du 2e échelon. C'est au Collège de garçons qu'il est établi. [...] quatorze généraux anglais logent à Abbeville ainsi que quinze cents à deux mille soldats. [...] mais c'est le Champ de Mars qu'il faut voir. C'est tout simplement un camp où les anglais ont installés un hôpital vétérinaire. Une centaine de tentes rondes ou carrés blanches ou kaki y sont installées avec tout le confort désirable, poêles, lampes, lits et même, s'il vous plaît, des pianos, le luxe ajouté au nécessaire. Home sweet Home. Pour les hommes oui, pour les chevaux non. Pour ces derniers la terre pour litière, le ciel pour plafond. Et malgré les intempéries, le froid, la pluie, le vent, ces pauvres victimes de la guerre restent ainsi attachées [...]

- Lundi 12 avril [1915] : Maurice est retourné au Collège libre des anglais.

- Vendredi 7 mai [1915] : Lucien Thiébaut a écrit. Il est à Arras. Nos envois lui font grand plaisir, le pauvre gars ! Le pâté et le pain d'épices ont fait ses délices. Depuis août qu'il mange du "singe" çà le change. Il nous dit que çà va chauffer, que les Boches vont détaller ; l'armée française a place 1500 canons sur 21000 mètres.

- Mardi 8 juin [1915] : Lucien Thiébaut est à l'hôpital de Doullens. Non pas blessé mais courbaturé avec température à la suite d'un séjour de 26 jours dans les tranchées sous une canonnade continuelle. "Nous recevions, écrit-il, des obus e toutes les races". Ses lettres tout en nous divertissant par les termes et les phrases peu communes sont pleines d'entrain. Sa hâte de retourner avec les camarades auxquels il vient encore de donner un exemple de bravoure en se postant avec 12 hommes à la tête du régiment pour enlever des pièces à l'ennemi. Ils sont été nommés à l'ordre du régiment et le régiment à l'ordre de l'armée [...]

- Septembre 1915 : L'été commence, on met des robes légères. Le poisson est plutôt rare et cher. Les marins ne peuvent aller à la pêche que le jour par conséquent sept jours sur quinze à cause des marées [...]

- 1916 : Est-ce l'année de la victoire, est-ce l'année de la paix ? [...]

- 20 février 1916 : Amiens a reçu la visite d'un zeppelin la nuit dernière et a fait malheureusement quelques victimes.

- 21 février 1916 : Abbeville est maintenant plongée dans l'obscurité. On redoute ces maudits zeppelins. A partir de 9 heures du soir tous les becs de gaz, déjà réduits au strict minimum, sont éteints.

- 6 août 1916 : Après la sortie de la messe [à Cayeux-sur-Mer] en arrivant sur la plage, un attroupement nous indiqua qu'il se passait "quelque chose". Un aéroplane venait de tomber à la mer à quelques centaines de mètres du phare. En effet, même sans lunette on apercevait très bien la queue de l'appareil qui émergeait des flots. Le pilote, un anglais, a pu être sauvé.

Langue des unités documentaires

Français