Gravure en couleur montrant la foule rassemblée devant la Préfecture assistant à la remise de la médaille à Madame Cornuau, femme de Monsieur le conseiller d'Etat, Préfet du département de la Somme. Les habitants d'Amiens ont voulu ainsi témoigner leur vive reconnaissance à leur bienfaitrice, en lui offrant une médaille frappée en son honneur. "Tout le département s'est empressé de s'associer à cette sympathique démonstration, et la liste des souscripteurs a compté bien vite quarante-deux mille signatures." (source : le journal l'Illustration). La gravure est accompagnés d'un texte emprunté au Journal d'Amiens : "Les habitants d'Amiens offrent à Mme Cornau une médaille de reconnaissance, le 26 août dernier - Il y a trois mois, la ville d'Amiens, heureuse, vivante animée, souriait à toutes les perspectives de la prospérité. Tout à coup, un horrible fléau, arrivé on ne sait d'où, se propageant avec la rapidité de la foudre, sème la mort partout ; et bientôt le deuil, la désolation, la terreur, la panique même pour quelques-uns qui auraient dû ne pas fuir, s'emparent de la population courbée sous les coups de cet ennemi invisible. Pendant deux longs mois, le choléra, abat nos concitoyens, les couches à terre comme les épis d'un champ renversés par l'orage, enlève les enfants aux mères, les pères aux fils, désorganise les familles, vide les maisons, peuple les cimetières, tue les médecins, les soeurs de charité, les prêtres au lit des malades, et arrive à un développement tel que cinq cents cas se déclaraient par jour, accompagnés d'une centaine de décès. Sais-on ce que Paris aurait compté de morts par journée si la mortalité s'y était déclarée dans la même proportion qu'à Amiens ? Eh bien ! Il aurait fallu trois mille morts par jour à Paris pour égaler proportionnellement les désastres d'Amiens. Jamais, à aucune époque, la capitale n'a compté quotidiennement un tel chiffre de décès ; jamais non plus, et dans aucune ville, le choléra n'avait fait d'aussi grands ravages que dans notre malheureuse cité. En présence de cette calamité publique, devaient naturellement se montrer, jouant leur vie à toute heure, ceux que leur position plaçait à la tête de la population. M. J. Cornuau, préfet de la Somme, au lieu de prendre, comme il en avait l'habitude, quelques jours de repos après les travaux fatiguants du conseil de révision, a trouvé dans son coeur toute l'énergie que lui imposait le devoir. Ferme au milieu du danger, il est resté ç son poste, se multipliant partout, visitant les malades, les hôpitaux, les prisons, soutenant le moral des faibles ou des peureux, appelant de Paris une pléiade de treize internes distingués qui, comme un torrent salutaire, se sont précipités, braves jeunes gens ! au devant de la mort. Le retentissement de nos malheurs a amené successivement la visite d'un ministre de l'Empereur, venant constater de visu, l'état alarmant de la cité ; et quelques jours après, celle de l'Impératrice elle-même ; - qu'elle soit mill fois bénie pour cela ! - venant dans nos murs désolés, relever, par sa noble présence, tous les courages et faire honte à toutes les défaillances. Dans ces circonstances, M. Cornuau a été à la hauteur de sa position. Sa conduite à été grande et digne : il a rempli son devoir. Mais à côté de l'homme courageux que notre ville et notre département ont à leur tête, se trouvat une femme, épouse et mère, et qui s'abritant sous ces deux noms [...]". (le reste de l'article est manquant mais on imagine très bien les propos élogieux pour Madame Cornuau qui s'est portée au chevet des malades).