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"Dons de mémoire" : collecte d'archives privées sur la Grande Guerre
Présentation du contenu
La famille Michelot a fait don aux Archives départementales de la Somme d'un ensemble de documents concernant Almyre Michelot et Raymond Daudin. Reçus dans le cadre de la Grande Collecte, ces documents ont été numérisés.
Almyre Michelot est né le 13 février 1856 à Villers-au-Bois dans la Marne. Il n'a pas combattu durant la Grande Guerre mais y a perdu son fils René, décédé lors des bombardements de Nancy en octobre 1917.
Raymond Dautin est né le 29 mars 1895 à Le Mesnil-sur-Oger (Marne). Mobilisé en 1915 au sein du 20e Bataillon de chasseurs à pied, il participe à la bataille de l'Artois, où il est gazé, puis à la bataille de la Somme, où il est grièvement blessé à la jambe, au bras gauche et au visage suite à l'explosion d'une grenade. Un morceau de métal lui a perforé la tête et on lui diagnostique également la perforation des deux tympans. Il est pris en charge par les Allemands qui le soignent à l'hôpital de Saint-Quentin avant de le transférer dans celui de Hanovre. Il est ensuite interné dans un camp de prisonniers où il vit des conditions de détention effroyables. Dans deux petits carnets, il raconte sa guerre et des souffrances.
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Date
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Caractéristiques physiques
Origine
Biographie ou Histoire
Raymond Dautin est né le 29 mars 1895 à Le Mesnil-sur-Oger (Marne). Il est le fils de Louis Dautin, cordonnier, né à Haumont dans la Meuse, et de Celine Leloup, vigneronne, née à Avire dans la Marne.
Raymond Dautin épouse Henriette Guillaume le 11 janvier 1920 à Le Mesnil-sur-Oger. Il exerce la profession de vigneron. Il décède le 26 mars 1984 à Epernay.
Mobilisé en 1915 au sein du 20e Bataillon de chasseurs à pied, il participe à la bataille de l'Artois, où il est gazé, puis à la bataille de la Somme, où il est grièvement blessé à la jambe, au bras gauche et au visage suite à l'explosion d'une grenade. Un morceau de métal lui a perforé la tête et on lui diagnostique également la perforation des deux tympans. Il est pris en charge par les Allemands qui le soignent à l'hôpital de Saint-Quentin avant de le transférer dans celui de Hanovre. Il est ensuite interné dans un camp de prisonniers où il vit des conditions de détention effroyables.
Ces carnets écrits par Raymond Dautin ont été sauvé de la destruction in-extremis et donné au Archives départementales de la Somme dans le cadre de l'opération de collecte d'archives familiales sur la Grande Guerre, car ils traitent en partie de l'épisode de la Bataille de la Somme en 1916 dans le secteur d'Estrées-Deniécourt.
Présentation du contenu
Raymond Dautin est sorti vivant de la Grande Guerre, mais a payé un lourd tribut tant sur le plan psychologique que sur le plan physique. Blessé dans sa chair par des éclats de grenade et des gaz, touchés dans son âme par les traumatismes des champs de bataille, des carences en tous genres et par la rudesse de la captivité, Raymond Dautin nous livre ici un témoignage fort sur ses années de guerre. Il a combattu dans l'Artois et dans la Somme. En voici quelques extraits de son premier carnet relatant son vécu durant les Campagnes d'Artois :
"Le 3 avil [1915], [...] Nous logeons dans une grange et nous faisons la cuisine en plein air, notre grande occupation est d'aller au bois pour faire le feu et aux pissenlits pour faire la salade. Le canon tonne un peu plus loin, les aéroplanes voyagent au-dessus de nous [...]. Tous les soirs, nous assistons au lancé de bombes et de fusées éclairantes qui illuminent le front sur une longueur de plus de 40 kms [...]."
"[...] on creuse une tranchée car les Boches ayant repéré le passage des renforts nous tirent dessus et nous envoient des obus aveuglants. [...]"
"[...] à 5 heures on traverse le canal sur un pont de bateaux sous une pluie d'obus et l'on se place dans les tranchées de 5e ligne sur le bout du canal [...]."
"[...] Le 25 nous dévalisons les sacs des Anglais morts pour boulotter, n'ayant pas vu les cuistots depuis 3 jours [...]."
"[...] Le lieutenant donne ordre de tenir la tranchée coûte que coûte [...]. A 2 heures de l'après midi, ordre est donné de faire une contre-attaque à la baïonnette. On sort des tranchées, mais les Boches s'y attendaient, nous n'avons pas fait 10 mètres qu'ils nous envoient des gaz asphyxiants que le vent nous apporte. Le Lieutenant voyant cela crie sauve qui peut. Tout le monde fait demi-tour et se sauve en asphyxiant sous la pluie des mitrailleuses, des obus, des shrapnels et la poussée de gaz asphyxiants. Prenant une résolution, je me dis mourir étouffé ou tué d'une balle. Je me redresse et m'élance tout debout au travers de la mitraille Boche et des balles Anglaises qui tiraient dans le brouillard pour empêcher les Boches d'avancer derrière les gaz. Je parviens à atteindre comme çà la 2e ligne qui est occupée par le 3e zouaves. Je n'en pouvais plus. Mon sergent se trouvait là. Il me passe son mouchoir mouillé sur le nez et me cingle la figure avec. Je reprends haleine et comme les gaz avancent toujours, je m'élance de nouveau pour gagner la 3e ligne occupée par les Anglais. J'y arrive sans accident. Je laisse mes musettes et mon bidon ne pouvant plus me traîner. Je reprends haleine de nouveau et je m'élance encore une fois pour gagner la tranchée des coloniaux [...] Un obus éclate à 4 mètres de moi et me culbute. Je me relève croyant être amoché mais je n'ai rien. Je regarde le trou, je me tâte les reins, mais le genou est arraché dans ma chair et çà colle sur mon caleçon. Je n'hésite plus, je saute dans un ruisseau où j'ai eu de l'eau jusqu'au ventre, çà m'a donné une réaction et çà m'a ranimer un peu [...]."
"[...] Je passe la visite du major qui me déclare une bronchite aigüe par suite d'asphyxiant et a évacué sur un dépôt d'éclopés à l'intérieur [...]. Nous montant dans ne voiture en direction de l'hôpital Rollin 12 rue de Turaine (= Turenne) [...]. Fin de la première campagne."
"2e campagne. Le 20 juillet, embarquement à Beaune à 7 heures du matin [...]."
"[...] Le 24 au soir, le bombardement commence sur les patelins et les villes pour la nuit. Lens, Angres, Liévin, Givenchy, Loos, Avion sont en feu [...]."
"[...] Le capitaine Penain (?) est blessé au bras, le lieutenant Maire est blessé mortellement. Un peu après un obus tombe en plein dans le boyau et en tue 7 de la 11e escouade. La place n'est pas tenable mais il faut rester quand même, nous sommes tous affolés, ce n'est que cris et plaintes de tous côtés [...]."
"[..] Le 26 matin [...] on parvient à faire 82 prisonniers dont 3 officiers sous-officiers et plusieurs brancardiers qui arrivent sur nous en criant camarades de peur que nous les embrochions avec nos baïonnettes. Ils nous donnaient des poignées de mains, des cigares, un appareil photographique et des objets de toute sorte pour qu'on leur laisse la vie sauve. [...]"
"[...] Le Lieutenant gueulait comme un veau (En avant, En avant), mais il ne bougeait pas derrière son parapet de sacs de terre. Un copain lui crie quand tu sortiras on sortira. De colère il tire dans la cuisse à un copain qui se sauve en lui disant au revoir et merci [...]."
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