"Dons de mémoire" 2013-45 : archives de la famille Dubourguier

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"Dons de mémoire" : collecte d'archives privées sur la Grande Guerre

Présentation du contenu

Monsieur Dubourguier a fait don aux Archives départementales de la Somme d'un carnet de route d'un soldat du 72 Régiment d'Infanterie, pour être numérisé et mis en ligne. Monsieur Dubourguier n'a aucun lien de parenté avec ce soldat.

Il s'agit d'un soldat du 72e Régiment d'Infanterie originaire de Beauvais ou des environs. On sait que sa femme se prénommait Alice. Soldat de la classe 1911, il est mobilisé le 1er août 1914. Blessé gravement au bras fin août 1914 lors de la bataille de Fontenoy, il est fait prisonnier dans la nuit du 31 août 1914 au 1er septembre 1914 avec plus de 150 autres camarades de régiment. Il sera retenu dans le camp de prisonniers de Merseburg en Allemagne. Il est libéré le 5 janvier 1919. Après la guerre, il aurait été instituteur à Tillé dans l'Oise (Information incertaine).

Carnet d'un prisonnier français durant la Grande Guerre, camp de Merseburg (Allemagne)

Cote/Cotes extrêmes

134J59 (Cote(s))

Date

1 août 1914-5 janvier 1919

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Archives départementales de la Somme

Caractéristiques physiques

Carnet de route

Particularité physique

Couleur
Papier

Présentation du contenu

Ce carnet aurait été rédigé par un soldat du 72e Régiment d'Infanterie originaire de Beauvais ou des environs. Après la guerre, il aurait été instituteur à Tillé dans l'Oise (Information incertaine). Soldat de la classe 1911, il est mobilisé le 1er août 1914. Blessé gravement au bras fin août 1914 lors de la bataille de Fontenoy, il est fait prisonnier dans la nuit du 31 août 1914 au 1er septembre 1914 avec plus de 150 autres camarades de régiment. Il sera retenu dans le camp de prisonniers de Merseburg en Allemagne. Il est libéré le 5 janvier 1919.

Ce carnet est riche d'informations : dessin au crayon du camp de Merseburg en 1915, carnet de route depuis sa mobilisation au départ d'Amiens à son arrivée en camp de prisonniers en Allemagne, il relate ses souffrances et les combats, il note des relevés météorologiques journaliers, il date et liste les colis reçus (précisions sur les contenus), il recopie des extraits de journaux et discours, il rédige une liste des camps en Allemagne, il donne une liste de ses camarades de l'Oise morts dans les hôpitaux allemands, il écrit des recettes de cuisine, il note des souvenirs marquants, etc.

Quelques extraits :

"Samedi 1er août 1914 - Grand tumulte dans la ville d'Amiens au sujet de la guerre qui paraît inévitable à l'heure actuelle. Après avoir passé un moment dans la ville, je rentre au quartier vers 2 heures de l'après-midi, le commandant Roux devant passer la revue du bataillon à 3 heures. Les classes 1908- 9 - 10 du 18e bataillon de chasseurs à pied (bataillon qui devait nous remplacer au premier jour mobilisation) arrivent déjà dans la cour du quartier, ce qui nous fit à peu prêt deviner la vérité ; cela semble bizarre. Lorsque vers 5 heures on reçoit l'ordre de mobilisation. Pour comble du reste, je suis nommé de garde au poste de police, la foule envahit déjà la cour du quartier et c'est avec peine qu'on l'a fait évacuée à l'heure de l'appel pour fermer les portes. [...]"

"[...] Lundi 3 août : Le commandant me fit appeler et me désigna pour aller avec 4 voitures de réquisition et plusieurs hommes, prendre les effets des exclus se trouvant au magasin général de la caserne Dejean et les déposer à la prison militaire de la Citadelle. Je reçus ordre ensuite de toucher armes et munition pour chaque compagnie avec l'intermédiaire du Lieutenant Debril, officier de ma compagnie. [...]"

22 août 1914 : "[...] Le signal fut donné et en quelques bonds relatifs des sections, nous fûmes en pleine vue des Allemands. Les obus nous arrivent comme de la grêle et c'est avec peine que l'on tient les hommes en main. Au début de l'action, le général Deffontaine, commandant de la 5e brigade est blessé, un shrapnel lui a cassé le bras. Le colonel Toulorge commandant le 72e RI prend le commandement de cette dernière [...] Les obus éclatent violemment autour de nous, un éclat blesse un de mes hommes, un autre me coupe la manche de ma capote, sans me blesser et m'aveugle de terre [...] Autour de nous des villages entiers brûlent, incendiés avec intention par les batteries allemandes pour orienter et diriger les opérations de la nuit [...] On monte des ravins, on traverse des fossés, des haies, harassés de fatigue n'ayant même plus la force de marcher. Plusieurs des nôtres ou se perdent, ou tombent de fatigue et ne se retrouvent que le lendemain. Une soif ardente nous accable, on arrache des betteraves ou navets, que l'on mange avec délices, pour l'apaiser. [...]"

31 août 1914 : "[...] le Lieutenant Dumont commandant la 3e section est tué d'une balle dans le front [...]"

31 août 1914 : "[...] un éclat me blesse au bras en me laissant une plaie béante d'où le sang s'échappe en abondance. Je fus obligé d'abandonner la ligne [...]"

"1er septembre : nous fûmes réveillés vers 5 heures par l'arrivée des huhlans (Uhlans) qui nous firent prisonniers [...] je fus du nombre. Environ 150 de nous et on nous fit prendre la direction de la frontière encadrés par des gendarmes et soldats allemands qui nous faisaient avancer à coups de crosse [...]"

2 septembre : "[...] Je contemplais sans le vouloir tout le désastre des champs de batailles à proximité de notre route, car depuis Fontenoy ce n'était que le théâtre de batailles précédentes... la plaine offrant ses belles récoltes était ravagée, les chevaux morts sur les bords des routes et dégageant une odeur nauséabonde. D'autres blessés ou perdus dans la plaine, la selle traînante, des canons broyés, d'autres abandonnés avec leurs caissons, d'énormes tas d'obus laissés en vague, de vastes tombes de Français ou d'Allemands surmontés d'un casque ou d'un képi, , devant lesquelles on se découvrait pour rendre les derniers honneurs à ces pauvres héros, des pays entiers brûlés, d'autres respectés par les flammes, où les femmes surtout pleuraient à notre passage. Quelle impression pour les coeurs sensibles que le théâtre de la guerre. [...] Plusieurs d'entre nous firent comprendre à un officier allemand que nous avions faim et on nous distribua une boule de pain noir (nous n'avions pas mangé depuis le matin de la bataille du 31 août). On nous fit également comprendre que toute tentative d'évasion et toute impolitesse ou autre, le prétendu serait fusillé, vous êtes prisonniers nous répétait-on ! Ma blessure n'ayant pas été pansée depuis 3 jours dégageait une forte mauvaise odeur et me faisait cruellement souffrir. J'eus le bonheur de trouver un morceau de charpie d'un autre camarade et de pouvoir repanser la plaie. [...]"

Si le nom de ce soldat n'est pas connu, on apprend qu'il rencontre en août 1914 deux cousins prénommés Adrien et Isaïe, et que son épouse s'appelle Alice.

Langue des unités documentaires

Français

Documents en relation

En 2019, monsieur Pénet, enseignant en Seine-Saint-Denis, a croisé les informations matriculaires des recensements militaires conservés aux Archives départementales de l'Oise et celles du carnet de guerre conservés aux Archives départementales de la Somme. Suite à ce travail, il est probable que ce carnet pourrait avoir été rédigé par le caporal Maillard François Dominique, 7e compagnie du 128e RI . Certaines similitudes dans le déroulé des événements apparaissent, mais ces informations restent à confirmer, notamment par le recoupement avec sa probable compagne prénomée Alice, et ses cousins Adrien et Isaïe.

Mots clés typologiques