"Dons de mémoire" 2013-5 : archives de la famille Dupont

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"Dons de mémoire" : collecte d'archives privées sur la Grande Guerre

Présentation du contenu

La famille Dupont a confié aux Archives départementales de la Somme la numérisation de documents concernant la famille Tacquet à Abbeville, notamment les journaux intimes de Suzanne et Magdeleine Tacquet.

M. Dupont écrit : "Magdeleine et Suzanne Tacquet ont respectivement 18 et 21 ans quand la guerre éclate en 1914. Elles sont les deux filles d'un médecin d'Abbeville. Catholiques et patriotes, elles écrivent quotidiennement dans leurs carnets intimes... Très vite, la guerre devient le sujet principal de leurs écrits, et sans s'en rendre compte, elles y laissent un témoignage riche et précieux concernant cette époque douloureuse. Pendant 4 ans, Abbeville est une ville de garnison située à seulement 40 km du front et est parfois bombardée, aussi, la famille Tacquet se réfugie souvent à Cayeux-sur-mer où elle passe traditionnellement l'été."

Au travers de ces différents documents de famille, on suit également le destin tragique d'un jeune soldat, Lucien Thiébaut (1894-1917) originaire d'Anizy-le-Château (Aisne), qui est le "filleul de guerre" de Madame Tacquet.

Journal de Magdeleine Tacquet, une jeune abbevilloise dans la tourmente de la Grande Guerre (Volume 3)

Cote/Cotes extrêmes

134J68 (Cote(s))

Date

27 avril 1915 - 1er janvier 1919

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Archives départementales de la Somme (version numérique)

Caractéristiques physiques

Carnet

Particularité physique

Couleur
Papier

Origine

Tacquet Magdeleine (1896-1986)

Biographie ou Histoire

Magdeleine Tacquet est née à Abbeville (Somme), le 23 septembre 1893. Elle est la fille d'Ernest Tacquet, docteur en médecine à Abbeville, et de Céline Vincent.

Dès 1912, tout comme sa soeur Suzanne, elle rédige un journal de bord qu'elle tient à jour durant la Grande Guerre.

Ce journal met en lumière la vie quotidienne des populations civiles à Abbeville et à Cayeux-sur-Mer à la veille et pendant la Grande Guerre : les joies, les rencontres, le quotidien, puis soudain l'inquiétude d'une guerre imminente suivie des peurs et angoisses d'un front qui se rapproche, le décor d'une ville devenue un immense casernement pour les troupes anglaises, l'annonce de la mort de jeunes hommes de leur entourage, l'espoir, etc.

Ce journal permet aussi de suivre le parcours d'un jeune soldat, Lucien Thiébaut d'Anizy-le-Château, dont la marraine de guerre n'est autre que la femme du docteur Tacquet. Les deux soeurs, Suzanne et Magdeleine, se prennent d'affection pour ce jeune et brave soldat dont elles parlent régulièrement dans leur journal de bord.

Lucien Thiébaut est né le 15 juin 1894 à Anizy-le-Château. Domestique de ferme, il est le fils de Jules Thiébaut et de Julia Fétizon. Il est incorporé en septembre 1914, au 3e Régiment de Cuirassiers, puis passe au 43e Régiment d'Infanterie en octobre 1914 avant de rejoindre le 156e Régiment d'Infanterie le 4 janvier 1915. Le 11 août 1916, il est décoré de la Médaille Militaire pour sa bravoure au combat. Il meurt au combat le 16 avril 1917 à Moussy (Aisne). Il décoré de la Croix de Guerre avec Palme à titre posthume.

Présentation du contenu

Voici quelques extraits choisis de son troisième carnet :

- Samedi 29 mai 1915 : Nous avons terminé la lessive et nous avons été favorisées par le temps pour accrocher dehors. Ce matin, on enterre un médecin qui soignaient des blessés à l'Hôtel Dieu et qui s'est infecté en se piquant en faisant un pansement : le Dr Jacob, c'est bien triste pour sa femme et ses trois enfants.

- mardi 8 juin [1915] : [...] on voit pas mal d'Ecossais dans la ville [Abbeville] mais il[s] ne port[ent] que le bonnet à petits rubans dans le cou. Je n'en vois guère que qqs [quelques] uns avec la jupe plissée [...]

- mercredi 9 juin [1915] : [...] Maman a envoyé à Lucien Thiébaut ce qu'il demandait, de peur que de Doullens il soit envoyé ailleurs [...]

- Vendredi 11 juin [1915] Suzanne vient de voir passer des charrettes d'émigrés conduites par des femmes [...]. Un sous-officier anglais, Warneford, a détruit un zeppelin mercredi dernier sur la côte belge [en réalité l'événement s'est déroulé le lundi 7 juin 1915]. Le zeppelin mitraillait son petit appareil Morane - mais lui aussi lançait des projectiles et a eu le dessus [...]. Le zeepelin en feu est tombé dans un béguinage qui abritait des émigrés, causant des morts et des blessés ! Que nous sommes donc heureux à Abbeville loin de toute cette canaille Boche - Loin ! pas très loin, (papa a encore entendu le canon hier) mais nous sommes à l'abri des obus et les taubes ne nous font pas de visites comme à Amiens [...]

- Jeudi 23 septembre [1915] : [...] En bas les mains montrent quelque chose dans le ciel : c'est un taube. Boum ! Boum ! ... cette fois Abbeville ne rit guère [...]

- Samedi 25 octobre [1915] : Samedi dernier a été une journée historique pour Abbeville si j'ose m'exprimer ainsi : un taube a survolé la ville vers midi 1/2 et a lancé 5 bombes sur le camp anglais du Champ de Mars. Il y a eu 6 blessés dont 3 grièvement atteints, tous soldats anglais. L'un d'eux a succombé de ses blessures le soir même. Mitrailleuses et canons [...] ont fait de leur mieux [...] mais le taube ne fut point atteint. Il paraîtrait qu'il fut obligé d'atterrir près d'Airaines.

- Mardi 9 mai [1916 ] : que d'Hindous ! que d'Hindous ! Il en passe des heures entières à cheval. Lance à la main ! ... Ces régiments ont un certain air d'exotisme. Enfin, Lucien Thiébaut nous donne de ses nouvelles. Il est près de Montdidier et attend sa permission.

- 21 mars 1917 : [...] ruée Kolossal ! oui oui ! plus Kolossal que jamais sur la Somme, le but étant Amiens. Les Anglais flanchent, les front britanniques et français se trouvent disjoints (24 kms de trouées). Les Boches avancent, c'est la débâcle... enfin du renfort français arrive pour boucher le trou... C'est fait... ils n'ont pu atteindre la capitale Picarde. Ils sont maintenus à 15 kilomètres de là (Hangest-en-Santerre, Marcelcave, Hamel, etc.). Cette frousse que nous avons eu à la fin de mars !! [...] Amiens bombardée jours et nuits et Doullens et Béthune et Saint-Pol ! Montdidier au mains des Boches [...] des réfugiés lamentables, de toutes parts les affiches placardées sur les murs (en cas de bombardements appel des jeunes gens classes 19, 20, 21 sur les casernes pour les mettre hors de dangers [...]

Langue des unités documentaires

Français