"Dons de mémoire" 2013-143 : archives de la famille Michelot

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"Dons de mémoire" : collecte d'archives privées sur la Grande Guerre

Présentation du contenu

La famille Michelot a fait don aux Archives départementales de la Somme d'un ensemble de documents concernant Almyre Michelot et Raymond Daudin. Reçus dans le cadre de la Grande Collecte, ces documents ont été numérisés.

Almyre Michelot est né le 13 février 1856 à Villers-au-Bois dans la Marne. Il n'a pas combattu durant la Grande Guerre mais y a perdu son fils René, décédé lors des bombardements de Nancy en octobre 1917.

Raymond Dautin est né le 29 mars 1895 à Le Mesnil-sur-Oger (Marne). Mobilisé en 1915 au sein du 20e Bataillon de chasseurs à pied, il participe à la bataille de l'Artois, où il est gazé, puis à la bataille de la Somme, où il est grièvement blessé à la jambe, au bras gauche et au visage suite à l'explosion d'une grenade. Un morceau de métal lui a perforé la tête et on lui diagnostique également la perforation des deux tympans. Il est pris en charge par les Allemands qui le soignent à l'hôpital de Saint-Quentin avant de le transférer dans celui de Hanovre. Il est ensuite interné dans un camp de prisonniers où il vit des conditions de détention effroyables. Dans deux petits carnets, il raconte sa guerre et des souffrances.

Le calvaire d'un prisonnier de guerre. Souvenir de R. Dautin, caporal au 20e Bataillon de chasseurs à pied : la bataille de la Somme, la blessure, l'hôpital, la captivité

Cote/Cotes extrêmes

134J90 (Cote(s))

Date

1916-1918

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Archives départementales de la Somme

Caractéristiques physiques

carnet

Origine

Dautin Raymond (1895-1984), vigneron

Biographie ou Histoire

Raymond Dautin est né le 29 mars 1895 à Le Mesnil-sur-Oger (Marne). Il est le fils de Louis Dautin, cordonnier, né à Haumont dans la Meuse, et de Celine Leloup, vigneronne, née à Avire dans la Marne.

Raymond Dautin épouse Henriette Guillaume le 11 janvier 1920 à Le Mesnil-sur-Oger. Il exerce la profession de vigneron. Il décède le 26 mars 1984 à Epernay.

Mobilisé en 1915 au sein du 20e Bataillon de chasseurs à pied, il participe à la bataille de l'Artois, où il est gazé, puis à la bataille de la Somme, où il est grièvement blessé à la jambe, au bras gauche et au visage suite à l'explosion d'une grenade. Un morceau de métal lui a perforé la tête et on lui diagnostique également la perforation des deux tympans. Il est pris en charge par les Allemands qui le soignent à l'hôpital de Saint-Quentin avant de le transférer dans celui de Hanovre. Il est ensuite interné dans un camp de prisonniers où il vit des conditions de détention effroyables.

Ces carnets écrits par Raymond Dautin ont été sauvé de la destruction in-extremis et donné au Archives départementales de la Somme dans le cadre de l'opération de collecte d'archives familiales sur la Grande Guerre, car ils traitent en partie de l'épisode de la Bataille de la Somme en 1916, dans le secteur d'Estrées-Deniécourt.

Présentation du contenu

Raymond Dautin est sorti vivant de la Grande Guerre, mais a payé un lourd tribut tant sur le plan psychologique que sur le plan physique. Blessé dans sa chair par des éclats de grenade et des gaz, touchés dans son âme par les traumatismes des champs de bataille, des carences en tous genres et par la rudesse de la captivité, Raymond Dautin nous livre ici un témoignage fort sur ses années de guerre. Il a combattu dans l'Artois et dans la Somme. En voici quelques extraits de son deuxième carnet relatant son vécu durant la bataille de la Somme et sa captivité en Allemagne :

"1- Chapitre "La Capture" : 16 août 1916 [...] Où va t'on ? On ne sait pas ! Vers 5 heures l'embarquement démarre, le convoi se met en route. Nous roulons environ pendant 2 heures et le convoi s'arrête à l'entrée d'un village en ruine, que nous apprenons s'appelé Fay. Le débarquement s'opère assez rapidement et le bataillon est rassemblé derrière un bois de peupliers, où il y avait la veille un drôle de coup dur car il y avait encore sur le terrain beaucoup de chevaux qui n'étaient pas enterrés. [...] nous traversons le village entièrement démoli et un peu plus loin nous prenons les boyaux, nous marchons encore une heure et demie et nous arrivons enfin à l'endroit où nous devons prendre position [...]."

"[...] Comme de fait le matin au jour, nous vîmes s'élever 7 saucisses du côté français et 3 du côté allemand. Je n'en avait jamais vu tant dans le même secteur. Nous étions en position en avant du village d'Estrées, au lieu-dit de Casine. Face à nous se trouvait un fortin [...] et sur notre gauche le bois et le château de Deniécourt [...]."

"[...] La nuit suivante nous vîmes arriver les crapouillots et les ...(?) de tranchées. C'est par eux que nous avons su que nous étions venus pour attaquer le fortin de la maison du pirate et le bois de Deniécourt, position puissamment fortifiée des allemands et qui faisait saillie dans nos lignes [...]"

"[...] un soldat qui était derrière lui me lance une grenade qui vient exploser à mes pieds. Je n'ai eu que le temps de me masquer la figure avec mon épaule et j'ai reçu l'explosion, en tout 8 éclats dans la jambe, le bras gauche, le côté et la tête côté gauche. Me voilà donc aussi à mon tour hors de combat et je me cramponnais de toutes mes forces avec ma main valide [...] ce jour là j'ai vu de la part d'un ennemi un geste d'humanité qui m'a beaucoup touché. Le même sergent qui venait de me mettre en joue pour me tuer aussitôt qu'il m'a vu à terre a sorti son paquet de pansements [...]"

"3- Chapitre "La vie au camp" : [...] dans ces bagnes de représailles, l'hygiène était totalement absente, nous sommes restés 2 mois et demi sans pouvoir nous laver [...]."

"[...] par contre l'hiver 1916-1917 s'est prolongé jusqu'au 31 mars. Nous avons supporté des températures de 17 à 21 degrés en dessous de zéro et [...] couché par terre j'ai attrapé un coup de froid dans les reins qui m'on causé de la néphrite avec incontinence [...]. Nous étions mangés aux poux, plein de boutons et de gale mais la vermine perdait son temps à nous sucer la peau, nous étions invulnérables aux morsures, notre faiblesse était telle que nous avions perdu toute sensibilité - faute de sang - nous ne sentions plus nos extrémités [...]. "